Intellectuel par excellence, grand amateur d’art, Albert Lewin prolonge son goût de perfectionniste exigeant dans sa peu prolifique carrière cinématographique.
Ecartant l’idée de tirer l’adaptation du célèbre roman d'Oscar Wilde vers l’horreur comme l’aurait fait sans doute tout autre cinéaste de l’époque, il en conserve la complexité intense pour réussir non seulement la reconstitution victorienne par la beauté plastique des décors mais aussi une cruelle fable philosophique à la noirceur fustigatrice. De la composition méticuleuse de plans où se réconcilient la symétrie et la disproportion, la somptuosité et la sobriété, l'allégorie et la matérialité à la maîtrise totale sur la profondeur de champs en passant par ses cadres dans cadres raffinés ainsi que les jeux constants de reflets et de claire-obscure magnifiquement contrasté, le visuel ultra stylisé qui témoigne le perfectionnisme de son auteur fait de ce film méconnu un chef d’œuvre incontournable absolu du 7e art.